Le « Mécénat », mot datant du XVIII° siècle, vient du nom de Mécène, un grand personnage romain, ami d’Auguste, qui défendit et soutint financièrement les gens de lettre. Par extension, ce terme désigne le soutien privé aux activités artistiques.
La définition du mécène, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est plus ancienne que le concept de mécénat. Elle date de la Renaissance, à l’époque où les grandes familles italiennes, puis de toute l’Europe, s’intéressent à nouveau à l’Antiquité, et créent un nouvel élan artistique. De ce fait, le mécénat est beaucoup ancien que sa définition : ainsi, « le mécénat n’a toujours été qu’une des formes prises par le don, l’une des formes les plus instituées, les plus fécondes et les plus ancestrales. En Europe, le mécénat, qui date de la Grèce antique et de l’Empire Romain est la modalité la plus ancienne du soutien éclairé aux artistes et aux innovateurs ».
Si le personnage historique de Mécène était avant tout défenseur des lettres, « historiquement, le mécénat peut désigner toute forme de protection des arts et des activités relevant du talent. Est mécène quiconque, sans exercer lui-même d'activité artistique, contribue à promouvoir la pratique de l'artiste ».
Le mécène est fondamentalement désintéressé. Ainsi, selon Karen Nilsen, « le mécénat est non seulement un don, mais aussi, et avant tout, un acte philanthropique : il doit bénéficier à la communauté ».
Dans sa conception moderne, le champ d’application du mécénat dépasse le domaine des arts et s’ouvre plus largement aux domaines d’intérêt général : « on peut donc désormais le définir comme l’ensemble des concours consentis par une initiative privée en faveur de domaines d’intérêt général, et s’étendant au champ de la culture, de la solidarité, de la santé, du sport, de l’éducation et de l’environnement ».
Aujourd’hui, le concept de l’intérêt général a officiellement dépassé celui des arts et lettres, comme on peut le voir dans la définition du mécénat donnée par l’arrêté du 6 janvier 1989 relatif à la terminologie économique et financière : « le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général». Dans le même ordre d’idée, le Ministère de la Culture et de la Communication définit le mécénat comme « le versement d’un don (en numéraire, en nature ou en compétence) à un organisme pour soutenir une œuvre d’intérêt général ». Cette définition est intimement liée au mécénat d’entreprise, qui est la forme moderne la plus développée du mécénat, comme nous le verrons bientôt. Dans ce cadre, le mécénat peut s’apparenter à un acte de promotion (ou publicité) de l’entreprise, qui bénéficie d’une image positive en finançant des activités d’intérêt général sans en obtenir de bénéfice direct.
Comme on peut le voir, les concepts de soutien et de don sont au cœur de toutes les définitions du mécénat. Dans les plus récentes, la notion d’intérêt général vient s’ajouter afin d’y inclure de nouveaux domaines comme le sport, la solidarité, la science et l’environnement.
Le fait que l’État ait sa propre définition du mécénat et cherche à en délimiter son action répond notamment aux besoins de sa politique culturelle, par le biais de son dispositif fiscal, puisque les actions de mécénat peuvent donner droit à des réductions d’impôts. Nous verrons plus en détail dans un prochain article quelles sont les règles établies par l’État dans ce domaine.
François Debiesse. Lé Mécénat. Page 10. Presses Universitaires de France. 2007.